Se réveiller, prendre son petit-déjeuner et déjà penser à lui. Essayer de chasser cette idée, et savoir que la journée va être consacrée à cette lutte contre des idées qui reviennent. Monter se doucher, se préparer. Prendre le train et un livre, parce que pendant ce temps-là, les idées s’absentent. Enquiller les escaliers, sortir de la gare, il fait déjà jour, il n’est pas encore 8h, filer le long de la rue Bayard, avec l’objectif de marcher assez vite pour pouvoir s’arrêter boire un allongé, sortir son ordinateur et gratter quelques lignes. Une journée de travail qui débute en espérant qu’il y ait plein de réunions, plein de bruits, plein de gens, et avoir envie du vide pour laisser les idées reprendre le dessus. Osciller en permanence entre ce désir d’oublier, de l’oublier et ce besoin de le laisser encore envahir ma vie, comme si tout cela n’était pas vraiment fini…
Partout, lire qu’il faut lâcher prise, ce mot est utilisé, à se demander comment il existe encore tellement il doit être usé. Ça consiste en quoi ? Je ne sais pas, je ne le sais toujours pas. Je n’ai pas envie de renoncer à l’idée que cette histoire n’est pas tout à fait morte. Et en même temps, n’avoir pas envie d’y repenser sans cesse, cela fait trop mal. Comment faire la paix avec une histoire qui ne s’est pas mal passée ?
La psy me dit que mon problème est que je ne suis pas en colère, que je n’ai jamais été en colère, que je n’arrive pas à être en colère, même quand on me fait du mal. Même quand on me quitte, même quand on me nie. Je suis triste, je suis amoindrie, je suis meurtrie mais pas en colère.
Je l’ai été, il y a 15 jours contre celui qui était là avant P. Celui dont je garde le chat. Celui qui me disait que si je le laissais tomber, il n’irait pas voir ailleurs parce que ça lui mettrait un coup, 6 ans, 6 ans de rien, de néant, ce n’était pas rien. J’ai été en colère parce que 10 jours après que j’ai arrêté, j’étais déjà remplacée. En colère contre lui, d’avoir menti et contre moi, de l’avoir crû. J’ai été en colère, j’ai crié au téléphone, je lui ai dit qu’il m’avait menti, j’ai crié et puis je me suis excusée d’avoir mal parlé, et puis j’ai avoué que j’avais P, je me suis aplatie devant lui, je n’ai même pas été capable de lui donner du remords.
Il continue de m’écrire pour prendre des nouvelles du chat. J’ai envie de dire stop et puis j’ai peur de la solitude totale. Il ne dit rien d’intéressant, il me fait comprendre les soirs où sa nana vient le voir, il ne se prive pas et je n’arrive pas à dire stop. Je me dis que ce pourrait être lui ma première vraie colère, mon premier geste de colère mais même ça, je n’y arrive pas. Je mets un uppercut et la seconde d’après, je m’excuse, je dis que ce n’est pas ce que je voulais dire. Il a le dernier mot.
Je m’aplatis, il le sait celui devant qui j’étais au tribunal, il le sait celui dont je garde le chat, ils le savent et ça ne doit pas beaucoup donner envie une fille qui s’aplatit. Je le sais mais je ne parviens pas à être en colère, à dire « c’est comme ça que je veux les choses ». Je n’y arrive pas. Dans mon boulot, je suis respectée, on sait que je ne lâche rien, on me le dit d’ailleurs, je suis une battante, je suis une méchante quand il le faut. Mais avec les hommes, je ne suis pas cette femme-là.
Alors, il faut lâcher prise, pour cela, faudrait-il encore qu’il y ait une prise, il faudrait que je puisse m’accrocher à quelque chose en moi. J’écris, j’écris, je crée, je tricote jusqu’à l’overdose, je lis… Je me dis que de tout cela viendra la lumière, mais je sais qu’au fond de moi, je n’ai qu’un désir : lui.
Je dirais au contraire qu’il faut s’accrocher. S’accrocher à toi, ton cadre, tes limites. Ce que tu acceptes et ce que tu n’acceptes pas.
Quitte à faire une liste, 2 colonnes. Je veux/je veux pas. Travailler la-dessus, te le passer et repasser dans ta tête, pour finir par pouvoir le dire. Ça peut être un chemin long, mais salutaire.
Je t’embrasse.
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Oui, tu as certainement raison, arriver à désigner ce que je veux ou pas…
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Oui, désigner dans un premier temps. Parce que au fond de toi tu sais déjà ce que tu veux. Et tu pourras comprendre pourquoi tu n’arrives pas exprimer ce qui fait ton cadre personnel.
On parle “d’accrochage” entre deux personnes quand elles se disputent, expriment des divergences. Et entre deux personnes qui s’apprécient, on dit aussi “ça accroche”.
Une histoire de “qui je suis” et de légitimité à l’être…
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C’est passionnant ce que tu dis. Vraiment
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Merci😊. Le plus important est que ça puisse t’aider.
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Ca me rassure, moi non plus je n’ai jamais vraiment compris ce que pouvait vouloir dire « lâcher prise »
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Je suis bien d’accord, Laure, fous toi en rogne une bonne fois pour toutes. Crie, hurle, casse de la vaisselle (moche) mais décide que tu ne subiras plus, la méchanceté, la perversion, la manipulation des autres, qui savent bien eux qu’ils ne craignent pas grand chose à te malmener ainsi. Et refuse les critiques, si les gens veulent ta place, qu’ils la prennent! Et si derrière cette incapacité à se mettre en colère, il y avait peut-être la peur de ne plus être aimée ou appréciée? La colère refoulée nous tue à petit feu, alors gueule et envoie balader ceux qui veulent te contenir dans ce rôle l’éternelle victime.
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Voila casser de la vaisselle c’est tres bien ( ca m’arrive parfois ) c’est le genre de geste absurde qui soulage qui souleve le couvercle… Sinon que dire…. Qu’ecrire c’est bien aussi. Arriver à dire ( à tous ceux qui auraient à entendre ) ce serait mieux. Comment passer de l’ecriture à la parole je ne sais pas. Le risque de l’ecriture c’est qu’elle devienne un refuge et une soupape suffisante pour que la parole soit encore plus rare dans les circonstances où au contraire elle le devrait. Votre psy n’a rien suggeré ?
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Non, pour l’instant, elle veut que j’arrive à dire pourquoi je ne me mets pas en colère malgré les circonstances et où je mets cette colère. Et je n’arrive pas à l’exprimer, à le cerner.
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Lire : Ou au contraire elle devrait s’exprimer
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L’illusion de ne pas être seule seulement parce que l’on parle avec ses ex….. j ai vécu des années tout ça. Si tu savais ce que je me reconnais dans ce que tu écris.
🙄
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Bonjour Lauralberte
Je me permets une suggestion de lecture : les dieux voyagent toujours incognito de Laurent Gounelle.
Loin des moralisateurs et culpabilisants livres de développement personnel, ce roman à messages est un petit trésor qui a déclenché pas mal de bienfaits dans mon cas. Ce n’est pas un prix femina, mais c’est agréable à lire et souvent drôle.
Je pense que cela pourrait titiller l’esprit embrumé de la belle Adèle …
Bises de soutien, bulles d’espoirs et ondes positives 😉
Isa
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